Il était une fois... le jazz

J’ai commencé, sérieusement, la musique au début des années 80. Le free jazz était encore bien vivant, la fusion et le jazz rock écrivaient leurs pages de gloire et la tradition était encore bien présente.

C’est cette richesse et cette envie de liberté qui m’ont poussé tout naturellement vers cette musique. Avec cette même envie de créativité.

Des les premiers groupes, avant même tout apprentissage, réussir avec peu de choses, trois notes, un rythme, à transmettre une émotion, à communiquer une énergie. Car pour moi le Jazz, c’est cela.

Au delà de toute conceptualisation cérébrale ou intellectuelle une musique de la joie et du partage, comme elle l’était à son origine. Une musique du blues et de la douleur aussi mais toujours avec les tripes. Une musique « vraie ».

Une mention toute particulière à Claude Nougaro, le seul chanteur qui a su faire swinguer la langue française. C’est lui qui m’a donné l’envie de chanter sur le devant de la scène (après des années de groupes vocaux), Lui qui a écrit des textes si fort, avec une énergie et une sensibilité incomparable en laissant toute la place à la musique et aux musiciens. C’est donc naturellement que mon premier spectacle de reprise « Le Taureau par les Cordes » lui a été consacré.

...la contrebasse

Après une formation « normale » de contrebasse (quelques années de conservatoire puis des stages ou des cours avec différents contrebassistes de Jazz tel que Barre Phillips, François Méchali, Pierre Michelot, Marc Michel Le Bévillon…) j’ai exercé « normalement » mon métier de contrebassiste pendant une quinzaine d’années. Jusqu’au jour ou en 2000, grâce à notre luthier commun Christian Laborie, j’ai rencontré un homme « remarquable » François Rabbath. Cette rencontre a bouleversé mon approche de l’instrument et mon approche de la musique en général.

Musicien autodidacte François Rabbath (né en 1931 à Alep en Syrie) a révolutionné la technique et l’enseignement de la contrebasse. Sa méthode est devenue la première enseignée aux Etats-Unis ou ses Master class réunissent des centaines de bassistes. En France l’acceptation y est plus difficile (réticence des conservatoires, frilosité des enseignants). Cette technique remet tous les fondamentaux de l’instrument à plat dans une démarche simple « à chaque obstacle, une solution ». Jouer de manière la plus naturelle possible, en tenant compte de la posture du corps, sans se faire mal. Tous les aspects sont abordés : position de l’instrument, technique de main gauche, nouveaux doigtés, nouvelles positions, technique de main droite, art de l’archet…

Un enseignement qui, avec du travail peut amener tout un chacun à un niveau de soliste concertiste.

Pour de plus amples détails vous pouvez consulter sa page Wikipédia.

Cette méthode ne s’adresse pas uniquement aux contrebassistes jouant à l’archet. Chacun peut y trouver matière à une démarche personnelle.

Pour ma part, cette méthode et cette rencontre humaine m’ont permis de construire ma propre technique en me servant de tous ces éléments et en les adaptant au service de mon jeu et de ma musique. Principalement sur la technique de main gauche : le pivot, le pouce dans le manche, le découpage de l’ensemble du manche en six positions, la marche en crabe pour les chorus dans l’aiguë mais également la position, la pique coudée et sur les principes fondamentaux de l’archet.

Cet enseignement  est présenté sous forme de méthode en 4 volumes (avec CD) publié aux éditions Alphonseleduc.com ainsi qu’un Cd-Rom « François Rabbath, la contrebasse : La Nouvelle Technique, Un maître, un instrument (Label image production, 1998).

Également disponible différents Dvd « Carte Blanche à François Rabbath /  Art of the Bow (Avant bass, 2005) / Bach à la quarte (INIT Editions-Productions, 2008) / Art of the Left Hand (Avant bass, 2010)

Vous pouvez découvrir une partie de son œuvre sur CD ou sur Youtube et si jamais vous avez la chance de croiser un de ses concerts n’hésitez pas, c’est une expérience unique.

...le rock'n roll

Une mention spéciale pour Frank Zappa, musicien que j’ai également énormément écouté durant mon adolescence mais dont je n’aurai jamais imaginé jouer la musique. 

Jean Marc Simon (guitariste arrangeur) m’a proposé dernièrement un projet fou.

Reprendre au Stick des morceaux du grand Frank accompagné de douze musiciens classiques. Cette redécouverte m’a fait prendre conscience de l’énormité de son œuvre, de ses engagements politiques. Une musique résolument moderne !

Depuis la sortie de l’enfance, j’ai été bercé par cette musique. Des Beatles en passant par Crosby Still Nash and Young, les Who et plus tard Police et Peter Gabriel, ces groupes ont jalonné ma vie et m’ont donné envie de faire de la musique. Leur énergie brute, leur créativité, leurs harmonies vocales ont façonné mon oreille.

Ce n’est que récemment que m’est venue l’idée de reprendre certains de ces morceaux mythiques et grâce au Stick, en faire une relecture. 

En me replongeant dans ces univers j’ai réalisé à quel point ces groupes avaient été visionnaire, combien ils avaient apporté à la musique « contemporaine », en terme de mélodie, de grille, d’énergie, de son, de technique d’enregistrement…

Et le stick Chapman !

Le Stick Chapman a été créé par Emmett Chapman, luthier musicien californien, en 1969 et commercialisé en 1974. Un grand et large manche planté de 10 ou 12 cordes. Cet instrument a la particularité de se jouer en tapping polyphonique. Tapping car pour émettre une note les doigts tapent les cordes à la manière des marteaux du piano.

Polyphonique car les deux mains jouent indépendamment. La main gauche s’occupant des 5 ou 6 cordes du bloc basse et la main droite des 5 ou 6 cordes du bloc mélodique. Ce qui amène le joueur de Stick plus vers la technique du piano que de la guitare. La main gauche s’occupant des basses, des accords fondamentaux et la main droite des mélodies, des enrichissements d’accords etc…

J’ai personnellement découvert cet instrument extraordinaire presque par hasard. Je jouais dans un salon de la musique au début des années 90 et dans le stand à côté trônaient 3 modèles de cet instrument bizarre.

Un musicien américain (j’ai appris 15 ans plus tard qu’il s’agissait de Jim Lampi) est venu jouer une version mémorable de Birdland de Weather Report. Je suis resté médusé. Tout y était: la basse, les accords, la mélodie, le solo, le groove…. Je retrouvais le son de basse que j’adorais dans les premiers disques de Peter Gabriel (logique vu qu’il était fait au Stick par Tony Levin). La semaine suivante je faisais l’acquisition de mon premier Stick 10 cordes (n° 317). Je venais de trouver l’instrument électrique que je cherchais. Des basses énormes, des aigus cristallins, une conception et une technique complètement nouvelles pour un instrument à cordes. Une approche pianistique plus le toucher de la corde de guitare: vibrato, glissando, bender, hammer, pull of…

Une aventure, qui dure depuis 25 ans, venait de commencer et qui m’emmène dans des chemins aussi divers que le Jazz, la Pop et le Rock entre relecture et composition originale.

Pour une présentation technique plus complète :
Présentation du stick
Site officiel du Stick